Maladies du gazon : comment les reconnaître, prévention et guérison

Quel que soit l’environnement dans lequel se trouve votre jardin, plusieurs maladies peuvent soudainement se développer dans votre gazon. Inesthétique, souvent problématique voire dangereuse pour l’intégrité de votre coin de verdure, une maladie du gazon peut s’étendre rapidement et se doit donc d’être traitée. Pour cela, il est d’abord nécessaire de reconnaître la maladie en question avant d’agir de façon adaptée. Humidité, exposition au soleil ou à l’air, sécheresse, type d’engrais choisi ou même de graminée en fonction du sol, les raisons de l’apparition d’une maladie peuvent être très nombreuses, et rend le diagnostic parfois complexe.

Pour prévenir leur apparition, les reconnaître et les traiter si elles viennent à s’installer, ce guide va vous permettre de redonner vie à votre gazon, et de ne pas le laisser s’étouffer sous l’arrivée d’éventuelles maladies invasives. À toutes saisons, celles-ci peuvent malheureusement laisser des traces si aucune action n’est menée suffisamment tôt.

Qu’est-ce qu’une « Maladie du gazon » ?

Le terme « Maladie » dans le cas du gazon, peut décrire plusieurs phénomènes. Ainsi, au sens premier du terme, la maladie du gazon décrit une maladie cryptogamique, ou maladie fongique, c’est-à-dire provoquée par un champignon se développant dans un contexte particulier et venant altérer les graminées qui composent le gazon.

Mais dans l’usage courant, il arrive que l’envahissement par des graminées, comme le millet, ou par d’autres végétaux indésirables comme la mousse, soit aussi qualifié de « Maladie » à cause de l’effet parfois dévastateur sur le gazon. Pour en savoir plus sur les plantes indésirables et invasives pour le gazon, appelées adventices ou plus communément « Mauvaises herbes » (bien que le terme tende à être à juste titre relativisé), nous vous invitons à consulter notre guide dédié (bientôt disponible).

Enfin, il convient également de faire la distinction entre les maladies et les dommages ou dégâts provoqués au gazon, comme les cercles jaunes avoir laissé un pot de fleurs trop longtemps sur celui-ci, ou encore les tâches provoquées par l’urine d’un animal de compagnie.

L’entretien : la clé pour éviter que les maladies ne s’installent

L’idéal est avant tout de veiller à ce que votre gazon soit bien entretenu pour éviter que les maladies n’apparaissent. Ici aussi, mieux vaut prévenir que guérir. Alors, pour un gazon esthétique, dense et en bonne santé, voici les points clés à retenir concernant son entretien :

  • À la fin de l’hiver, le sol ne s’est pas encore réchauffé. C’est le moment de scarifier et d’aérer votre gazon. Cela va vous permettre de débarrasser votre sol du feutre et de toute forme de résidu empêchant la terre de s’oxygéner correctement. Vous pouvez également profiter de cette période de transition pour amender votre sol afin d’optimiser sa structure avant le retour du printemps. Le fait de chauler les parcelles de mousse peut par exemple se révéler efficace.
  • Lorsque le printemps arrive, les premières tontes sont de mise. La tonte n’est nécessaire qu’une fois par semaine environ, et ne doit pas donner lieu à une coupe trop courte (4 à 5 cm dans l’idéal). Ensuite, vous devrez regarnir les zones dénudées de votre gazon, puis fertiliser pour favoriser la repousse lorsqu’elle est la plus propice.
  • Pendant l’été, la tonte doit être effectuée moins souvent, mais surtout à une hauteur plus raisonnable, moins courte. L’arrosage (selon les restrictions en vigueur) peut également empêcher le phénomène de sécheresse de faire des dégâts en cas de fortes chaleurs.
  • Enfin, à l’automne, la préparation est de mise avant l’hiver. L’arrosage peut là encore être pertinent, tandis que la scarification, l’aération, et le regarnissage peuvent être effectués à nouveau. La dernière tonte doit être réalisée autour de mi-novembre, et le ratissage des feuilles et différents résidus de saison doivent être réalisé autant que possible. L’objectif est de ne pas étouffer le sol avant le retour du gel notamment.

Généralement, cet entretien appliqué et régulier permet d’éviter le développement de maladies. Pour autant, si l’une d’entre elles présente ses premiers signes d’apparition, il est encore temps d’agir.

Les principales maladies du gazon

Le fil rouge (Laetisaria fuciformis), un développement en conditions douces et humides

Très courant en période estivale ou automnale, le fil rouge se développe surtout lorsque les températures varient entre 16 et 22 degrés. L’humidité est également un facteur favorisant son apparition. Cette maladie se caractérise surtout par des taches jaunes, d’un diamètre d’environ 30 cm, et par des graminées présentant un aspect très sec.

Le meilleur moyen de prévenir l’apparition du fil rouge consiste à scarifier et à aérer scrupuleusement votre sol au printemps et en automne. Cela évitera au mycélium (composé de filaments muqueux rougeâtres) de s’installer à cause de l’humidité notamment. Pour s’en débarrasser, l’apport d’un engrais particulièrement riche en azote peut aider. N’hésitez pas à avancer la date de votre prochain apport d’engrais si les premiers signes du fil rouge apparaissent. Par ailleurs, un arrosage rigoureux en cas de sécheresse est préconisé (selon les restrictions en vigueur). Si le développement est trop important, un fongicide sélectif spécialisé peut être utilisé, seulement si les méthodes précédentes ne se révèlent pas suffisantes face à l’infection.

> Découvrez notre guide complet dédié au Fil Rouge du gazon (Laetisaria fuciformis)

La moisissure des neiges (fusariose), la mauvaise surprise du printemps

La problématique de la moisissure des neiges est liée au fait qu’elle ne se dévoile pas immédiatement. Maladie fongique qui se développe en hiver mais apparaît véritablement au printemps, elle se caractérise par l’apparition de taches grises, collantes, moisies, dans le gazon, d’un diamètre de 5 cm. Ces taches sont le signe du développement d’un champignon faisant mourir les graminées en surface. Si les taches sont bordées d’un aspect ouaté, alors le champignon est en plein développement.

Pour prévenir son apparition, l’essentiel de votre action consiste en une scarification et un ratissage efficaces à l’automne, une fertilisation suffisamment riche en potassium pour lutter contre le gel de l’hiver, et une dernière tonte permettant de ne pas créer de courbures trop importantes sous l’effet de la neige tassée (le gazon ne doit pas être tondu trop haut). Au printemps, utiliser un engrais de départ pour renforcer les graminées et leur permettre de repousser avec vigueur sur les taches peut être efficace. Si cela fait plusieurs années que la moisissure des neiges se manifeste, un fongicide préventif spécialisé pour les gazons les plus sensibles peut devenir une option.

Le dollar spot, signe d’un manque de certains nutriments

Champignon dévastateur sur certains gazons, celui-ci a davantage tendance à se développer sur les terrains de golfs par exemple. Néanmoins, lorsqu’il fait surface dans votre jardin, il est nécessaire d’agir rapidement. Tandis qu’il apprécie les températures chaudes comprises entre 20 et 27 degrés, son développement s’accentue lorsque l’humidité est stagnante. Les rosées nocturnes représentent par exemple un facteur idéal pour ce champignon.

Pour empêcher la multiplication de ces taches rondes de 3 à 7 cm, il est important de veiller à ce que votre sol soit correctement nourrit et surtout, qu’il ne manque pas d’oxygène. Son arrivée peut en effet correspondre à un manque de phosphore, de potasse, ou bien à un excès d’azote de synthèse dans la terre. Le feutre favorisera aussi l’apparition des taches.

Pour éviter le dollar spot, scarifiez et aérez votre sol sans négligence au printemps et à l’automne. Fertilisez correctement avant l’été, et n’hésitez pas à sabler votre sol pour l’ameublir. Il s’imprégnera d’autant mieux des nutriments que vous lui apportez. Pour soigner cette maladie, une solution à base d’azote organique tous les 21 jours aura tendance à rééquilibrer la terre. Votre gazon pourra alors se développer à nouveau.

Le pythium (fonte des semis), un champignon résistant

Le principal problème observé à cause du pythium réside dans la rapidité de sa propagation et sa facilité à le faire par le biais de taches graisseuses en quelques heures seulement, surtout lorsque les températures augmentent. Les raisons de son apparition sont multiples : drainage insuffisant, manque d’oxygène et d’aération, ou encore excès d’azote sur un sol dont le pH est déjà élevé, difficile d’identifier directement la cause, bien que vos habitudes en termes d’entretien puissent parfois être ajustées.

Pour le traiter, réduire l’ombrage et optimiser par tous les moyens la circulation de l’air dans votre jardin sont deux moyens très efficaces. Par ailleurs, permettre un meilleur drainage de l’eau dans votre sol, tout en évitant d’arroser lorsque le pythium se développe, vont participer à sa disparition. Enfin, veiller à ne pas réaliser un apport d’azote trop riche, plus équilibré, va sans doute vous permettre de retrouver un gazon se développant sur un sol sain et propice.

La rouille du gazon (Puccinia), un besoin urgent d’aération

Survenant souvent en fin d’été, la rouille apparaît dans des conditions manquant souvent particulièrement de luminosité et d’aération. Bien que cela puisse faire penser au pythium, cette maladie se développe non seulement lorsque l’humidité se trouve revenue entre les brins d’herbe de votre gazon, mais également lorsque votre sol présente une carence en azote. Les fortes variations de température peuvent aussi favoriser son développement.

Dans un premier temps, il est nécessaire de s’assurer d’une fertilisation riche avant l’été, de sorte que la maladie ne se développe pas au moment de la transition entre été et automne. Ensuite, une bonne aération couplée à une exposition à la lumière optimisée vont aider votre gazon à s’oxygéner correctement, sans retenue d’eau ou d’humidité. Une fois installée, la rouille du gazon peut notamment être traitée grâce à un engrais riche en soufre. Cela va notamment favoriser la photosynthèse en plus du développement naturel de votre gazon permis grâce à des tontes moins courtes, mais plus fréquentes.

> Découvrez notre guide complet dédié à la Rouille du gazon (Puccinia)

La plaque brune (Rhizoctone brun), un arrosage trop abondant ?

Difficile à soigner, la maladie de la plaque brune agit en surface. Concrètement, le champignon se développe dans des conditions chaudes et humides, et a tendance à se propager très rapidement. Il se dépose sur les brins d’herbe de manière individuelle, disparaît lorsque le gazon s’assèche, mais laisse mourir le brin sur lequel il s’était déposé, créant plusieurs plaques à l’aspect brun dans votre gazon.

Pour l’éviter, il est essentiel de ne pas arroser trop abondamment, ou d’éliminer tout ce qui pourrait retenir l’humidité en surface (le feutre notamment, éliminé grâce à une scarification efficace). Tondre le gazon lorsqu’il est mouillé, ou arroser, même légèrement, en fin de journée, sont tant d’actions qui créeront les conditions de l’apparition de la plaque brune. Si elle s’installe et qu’aucun ajustement ne fonctionne pour l’éliminer, vous pouvez éventuellement appliquer un fongicide foliaire, présentant l’intérêt d’agir sur la surface des feuilles pour éliminer le champignon.

L’anthracnose, une décoloration contraignante

De la même manière que la plaque brune, l’anthracnose du gazon se manifeste elle aussi par ces plaques décolorées, à l’aspect souvent sec, assorties de points noirs, se développant lorsque les conditions sont chaudes et humides. Cela dit, l’anthracnose peut aussi bien être foliaire que racinaire, complexifiant légèrement son élimination.

Lorsque les températures sont les plus élevées, en période de stress pour le gazon, ces taches décolorées peuvent apparaître très rapidement. Pour éviter qu’elles ne se propagent, un rééquilibrage de la nutrition passant par un apport d’azote ainsi que par un défeutrage complet va déjà aider le gazon à se reconstituer.

De manière aussi bien préventive que curative, l’application d’un fongicide spécialisé peut se révéler utile, bien qu’une solution à base de sel de cuivre puisse également se révéler très efficace contre ce type de taches.

Les autres maladies moins fréquentes auxquelles vous pourriez faire face

En dehors de ces quelques maladies apparaissant relativement fréquemment dans les gazons constitués des graminées les plus communes, d’autres champignons ou infections peuvent également survenir, bien que plus rarement.

Variantes moins répandues, ou maladies n’ayant pas pour habitude de toucher le gazon, celles-ci se doivent elles aussi d’être reconnues si elles venaient à s’installer dans votre jardin. À titre d’exemple, la rouille couronnée n’est pas différente de la rouille du gazon présentée précédemment. Tout comme les autres variantes de la rouille, elle peut survenir à n’importe quel moment de l’année, mais cette variante a plutôt tendance à toucher les espèces de fétuques. Dans une veine similaire, la plupart des maladies du gazon les moins courantes sont souvent liées à un surplus d’humidité, lui-même dû à un manque d’aération et de luminosité. C’est le cas de l’oïdum à l’origine de la formation de plaques blanches, bien que moins habitué à attaquer le gazon.

D’autres maladies telles que les taches annulaires nécrotiques (créant des cercles bruns) ou la verticilliose (à l’origine de taches noires sur les brins d’herbe) ne viennent pas de l’extérieur, mais se transmettent par le biais des racines, avant de toucher progressivement les feuilles en surface. Ici, s’assurer d’une bonne irrigation pendant les périodes de sécheresse peut permettre de rééquilibrer les besoins de votre sol. La fertilisation et l’acidification du sol par le biais d’engrais adaptés peut également faire disparaître ces maladies. Bien que l’origine ne soit pas la même, ces techniques prévalent également pour les ronds de sorcière (créant également de grands cercles décolorant le gazon), ainsi que pour l’helminthosporiose.

Bien que chaque maladie présente des manifestations ou des origines distinctes, le soin par le biais de fongicides puissants reste la dernière option à envisager. Bien souvent, même lorsque la maladie est installée, une fertilisation adaptée, un défeutrage complet, ainsi qu’une irrigation réalisée avec soin suffisent à votre gazon pour se rééquilibrer et lutter contre la maladie dont il souffre. À la marge, certaines infections nécessitent un traitement lourd, l’idéal étant d’adopter les bons gestes avant l’apparition d’une d’entre elles.